Tsante

La santé pour tous !

« Oui, en effet, vous souffrez d’une dépression ». Cette phrase peut être prononcée par un-e psychologue ou un-e psychiatre lors d’une consultation et confirme souvent un diagnostic que beaucoup ressentent bien avant qu’iels ne se décident à demander de l’aide.

 Les taux de cette maladie ne cessent d’augmenter. C’est comme si, plus l’avancée sociale et technologique progressait, plus notre déconnexion avec le bonheur augmentait. Et pire encore, beaucoup de patient-e-s, qui doivent affronter le dur défi de se libérer des chaînes d’une dépression, se plaignent de l’indéfinissable banalisation qui a lieu à propos des moments de souffrance et des troubles mentaux.

C’est comme si, lorsqu’on recevait ce diagnostic, on nous le disait avec la même mine que si on nous annonçait de l’hypertension ou de l’acide urique. Parfois, il semble que les personnes qui se trouvent dans ce moment difficile où il faut émerger du trou noir doivent aussi faire face à une structure sociale qui voit encore la dépression comme quelque chose de facile à résoudre, quelque chose qu’un médicament soigne.

Je NE me suis pas laissé-e vaincre, je ne suis pas faible : Les personnes qui souffrent de dépression savent très bien que ce trouble ne prend pas possession d’elles car elles se sont rendues, qu’elles n’ont pas affronté les choses, qu’elles se sont permis d’être esclaves des circonstances en ne sachant pas comment agir. Et c’est quelque chose que les autres personnes ne savent pas. Il faut bien comprendre que les personnes qui souffrent de dépression se le reprochent déjà elles-mêmes et se sentent coupables de tout ce qui arrive.
Si, en plus, on leur fait croire que c’est de leur responsabilité car elles se laissent abattre, on alimente leur état. L’entourage personnel qui mène parfois la personne à l’anxiété, à la dépression ou simplement à une période de stress, peut agir comme un « catalyseur » en intensifiant davantage les symptômes. Il s’agit d’un trouble mental qui ne surgit pas tout d’un coup à cause d’un comportement peu apte face aux pressions de l’entourage. Que ce soit bien clair. La plupart des fois, les déclencheurs d’une dépression sont multiples. Ils peuvent même être biologiques, à cause d’un déficit déterminé de neurotransmetteurs, ou lorsque « Beaucoup de peu peuvent faire un beaucoup »c’est-à-dire que la personne reste, simplement, bloquée dans la désolation.

Non, je ne vais pas guérir en un mois et les médicaments ne sont pas la panacée : Voici une autre fausse croyance : on imagine que ces processus psychologiques se résolvent avec un simple traitement médical. Les médicaments ne résolvent pas eux-mêmes la racine du problème. Nous sommes une société qui a le cholestérol dans les nuages et le moral dans les chaussettes. Rien de tout cela ne se résout exclusivement avec les principes actifs d’un comprimé que nous prenons après les repas.

Il ne s’agit pas non plus d’une maladie qui se traite et qui disparaît au bout d’un ou deux mois. La dépression est, en général, une maladie chronique. Cela implique que nous avons besoin de bonnes stratégies psychologiques pour que ces techniques d’affrontement soient une constante dans notre vie, quelque chose à quoi nous afférer pour ne pas chuter à nouveau.

Pour cela, nous avons aussi besoin du soutien des proches. S’ils nous répètent chaque jour : « Comment te sens-tu aujourd’hui ? Ne t’inquiète pas, dans un mois, c’est terminé », ils ne feront qu’intensifier l’anxiété de la personne qui souffre.

Je souffre d’une dépression et ce n’est pas la tristesse qui l’a provoquée : Associer la tristesse à la dépression est un classique. Il est nécessaire d’éclaircir les choses à ce propos :

La tristesse est une émotion basique que nous vivons lors des situations négatives : lorsque nous perdons un être cher, quand quelque chose que nous souhaitons n’arrive pas… La tristesse va et vient. C’est comme la joie, le dégoût, la colère…

À l’inverse, une dépression est une MALADIE et dans cette maladie, il y a des pensées redondantes marquées par la tristesse mais il y a aussi de l’anhédonie, des fantasmes de suicide, de la peur, des sensations de culpabilité… C’est un labyrinthe personnel très complexe où la tristesse est seulement un fil de ce tissu sombre.

Je souhaite être seul-e mais je ne veux pas que tu t’éloignes de moi : Ce que les personnes dépressives ressentent également, et que les autres ne savent pas, c’est la sensation contradictoire de souhaiter l’isolement et la solitude mais, en même temps, d’avoir besoin de l’aide de l’entourage. Cette réalité psychologique et émotionnelle n’est pas quelque chose que la personne dépressive va pouvoir dire à voix haute. D’où le fait qu’il est essentiel, pour les personnes qui font partie de l’entourage, d’être dans l’intuition, la réception et de fournir ce soutien qui ne juge pas, qui est présent et qui aide.

Tout n’est pas dans ma tête : Nous sommes sûr-e-s qu’il y a des gens qui ne savent pas que la fatigue accumulée, le stress chronique ou l’insomnie persistante peuvent déboucher sur une dépression, petit à petit. Tout n’est pas dans la tête. Parfois, cette maladie se trouve dans un corps épuisé, dans un cerveau qui souffre de décompensation chimique ou dans des maladies comme la fibromyalgie. Quand le corps souffre, l’esprit souffre aussi et c’est quelque chose d’évident qu’il ne faut pas négliger. Ainsi, nous pourrons mieux comprendre les personnes qui traversent cette dure réalité.

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